Privilège des foires de Lyon

Privilège des Foires (inv. 172) © Alain Basset 2015

Le Privilège des foires de Lyon, juillet 1494, parchemin, N° Inv. 172

 

Ce parchemin daté de juillet 1494 proclame les privilèges royaux qui instaurent la tenue de quatre foires annuelles à Lyon. Ces privilèges de foires font de Lyon une véritable place forte bancaire et un carrefour essentiel du commerce européen au 16e siècle.

Ce placard, destiné à être affiché dans l’espace public, est un document officiel de grande importance. Rédigé à la main et en langue française, il s’adresse au plus grand nombre, à une époque où les élites emploient encore le latin. Il fait office de texte de loi. Parmi les droits énoncés dans les articles, celui de tenir quatre foires de quinze jours par an est assorti de plusieurs privilèges conçus pour faciliter la circulation des hommes, des marchandises et des monnaies.

Ainsi, les étrangers – à l’exception des Anglais, anciens ennemis – peuvent se déplacer librement dans le royaume pendant les foires, sans avoir besoin de présenter leurs papiers ni livres de commerce. Les marchandises ne sont taxées ni à l’entrée dans le royaume ni à leur sortie, mais seulement aux douanes de Lyon et de Valence, à condition d’être hors de Lyon en deux semaines et hors du royaume le jour suivant. Enfin, toutes les monnaies étrangères sont autorisées surtout les lettres de change.

Les armoiries présentes sur ce document officiel sont symboliques. Supportant le bandeau du titre, deux lions sur des rochers incarnent la puissance de la ville. Au bas du parchemin, dans un cartouche coloré, sont soutenues par des anges les armes du roi de France, les armes supposées d’Anne de Bretagne, épouse du roi Charles VIII et les armes de Lyon.

Entre 1484 et 1488, suite à un complot des villes de Bourges, de Montpellier et de Troyes, le roi Charles VIII ôte à la ville de Lyon ses privilèges royaux. Lorsqu’en 1494, Lyon obtient la réhabilitation de ces privilèges des foires, la municipalité décide, dans les semaines qui suivent, de réaliser ce placard, certainement affichée dans les locaux du Consulat, puis plus tard à l’Hôtel de Ville.

 

L’importante dégradation du cartouche inférieur du document, précisément là où figurent les blasons royaux pourrait être le fait d’insurgés révolutionnaires de 1789 qui envahissent les lieux institutionnels et détruisent certains symboles de la royauté.

 

Ce parchemin, remis à Gadagne en 1926 par les Archives municipales de Lyon, entre alors dans les collections du musée et devient un élément clé pour expliquer la vitalité économique de la ville au 16e siècle.

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