Collections du MAM

Une invitation au voyage
Vue de salle 1 du MAM

La collection du musée, véritable invitation au voyage, compte des marionnettes du monde entier et de toutes les techniques.

Tout commence par la gaine lyonnaise, véritable référence dans cette collection. Le musée conserve en effet les tous premiers personnages créés par Laurent Mourguet au début du 19e siècle : Guignol et ses deux comparses Gnafron et Madelon. Transmises de génération en génération, elles sont données au musée en 1949 par Pierre Neichthauser, descendant par alliance des Mourguet et gérant du Théâtre de Guignol du quai Saint-Antoine.

Un spectacle c'est aussi des décors, des toiles de fond, des accessoires et surtout un castelet. Le musée possède donc également des théâtres complets comme celui de la dynastie Pitou, marionnettistes forains de 1830 à 1919. 

Une grande partie de la collection du musée provient de l'exceptionnelle collection de Léopold Dor qui rassemble des marionnettes d'Europe, de Java, du Cambodge.... 

Parmi les pièces les plus anciennes de cette collection, il convient de signaler un ensemble composé d'une quarantaine de marionnettes vénitiennes à tringle des 17e et 18e siècles. Ce jeu provient d'un palais des environs de Venise qui, chose courante à l'époque, possédait son propre théâtre de marionnettes.

Quant à la plus célèbre, c'est sans aucun doute Old Mother Shipton, la plus ancienne marionnette connue de cette prophétesse anglaise (1488-1561) qui prédit la victoire d’Henri VIII contre les Français. Faite de bois sculpté, elle possède un mécanisme qui lui permettait de fumer la pipe sur scène. Datant du début du 18e siècle, elle passa de la troupe des Middleton à celle de Clunn Lewis, le dernier marionnettiste ambulant d’Angleterre.

Couverture du guide des collections du MAM - Gadagne
Couverture du guide des collections du MAM - Gadagne

Les origines de la marionnette

Le théâtre traditionnel d’Indonésie appelé wayang. –wayang kulit : inv. D ATP 56.1.1395  et inv.  50.238 - wayang golek : inv. 47.158 

 

Né au 10e siècle, le théâtre wayang est joué à l’origine dans un contexte sacré et rituel à l’occasion des fêtes religieuses ou à des moments importants de la vie quotidienne (mariage, naissance, funérailles). Au fil des siècles, la place de ce théâtre dans la société indonésienne a évolué en fonction du contexte politique et de l’arrivée des nouveaux médias (TV, cinéma…).

Sur le plan de la technique de représentation, le théâtre wayang est conduit par le dalang, marionnettiste – narrateur, qui récite le texte, interprète les dialogues, dirige l’orchestre appelé gamelan et les danseurs, chante et anime les figures : rouleaux peints beber, silhouettes de cuir kulit, figures plates en bois klitik, marionnettes en bois golek, masques topeng.

Les marionnettes les plus jouées sont les wayang kulit et les wayang golek. Elles présentent une unité de style au niveau du jeu, des formes et des couleurs. Les yeux exorbités et la tête relevée indiquent la méchanceté. La tête inclinée et les traits du visage fin, indiquent le côté du bien. La couleur verte des visages signifie l’hypocrisie ; le rouge, la brutalité ; le blanc, l’intégrité ; le rose, la violence ; le bleu, la lâcheté.

Pour débuter la découverte de ce théâtre, inscrit au Patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’Unesco en 2008, nous vous invitons à contempler l’arbre de vie le gunungan dont la manipulation dansée ouvre chaque représentation…

Le rôle social de la marionnette

6 marionnettes de Si Unyil – inv. 017.1 à .6

Ces 6 marionnettes à main proviennent de Jakarta (Indonésie). Elles représentent des personnages de l’émission de télévision Si Unyil, programme éducatif racontant  la vie quotidienne d’un jeune garçon, nommé Unyil dans son village  Suka Majù, un village traditionnel fictif, qui signifie amour du progrès.

Si Unyil, autrement dit petit, est le premier programme indonésien télévisé de marionnettes pour enfants, diffusé de 1981 à 2003 par la chaîne de télévision nationale indonésienne (TVRI) tous les dimanches matins. Il a été créé par Suyadi (Java, 1932 – 2015, ?) marionnettiste et présentateur d’émissions télévisées.

Les marionnettes de cette série sont de facture moderne mais avec des costumes traditionnels. Les personnages qu’elles jouent sont identifiables par un trait de caractère : il y a Unyil, le gentil héros, Pak Ogah, le paresseux, Pak Raden, le truculent aux sourcils charbonneux… Des personnages, bons ou méchants, auxquels les enfants indonésiens peuvent s’identifier facilement car les histoires qu’ils racontent, à la façon d’une chronique, s’appuient sur des faits sociaux et historiques authentiques. Une manière pour l’état indonésien de faire passer des messages sur la santé, l’environnement mais aussi sur le patriotisme et le nationalisme.

Au fil des 22 ans de diffusion, Si Unyil est devenue très populaire et a su s’adapter aux réalités contemporaines de la société indonésienne en créant ou transformant certains personnages et situations. C’est ainsi que dans les années 2000, Unyil est apparu pour la première fois avec un ordinateur portable.

Cette série témoigne de l’utilisation de la télévision comme un moyen d’expression protégeant les valeurs culturelles indonésiennes. C’est pourquoi,  les histoires souvent conflictuelles mises en scène dans Si Unyil se concluent toujours en faveur des gentils, une façon de suggérer  aux enfants indonésiens la bonne voie à suivre !

Ces marionnettes sont composées en deux parties : la tête en papier mâché polychrome et le costume. La  tête est enfilée dans le col du vêtement puis maintenue par un ruban adhésif. Une fois montées, elles mesurent 36 cm.

Avis aux collectionneurs… Les personnages jouant dans cette série sont  beaucoup plus nombreux, il en reste donc d’autres à rechercher et acquérir et tout d’abord Unyil, le héros de la série et Pak Raden, le truculent aux sourcils charbonneux !

Le théâtre de Guignol

Guignol, Gnafron et Madelon, la triade originelle, Inv. N° 49.47, 49.48. et 49.49

Guignol, Gnafron et Madelon, la triade originelle © Xavier Schwebel
Guignol, Gnafron et Madelon, la triade originelle © Xavier Schwebel

Ces trois marionnettes à gaine représentent Guignol, Gnafron et Madelon, la fameuse triade créée par Laurent Mourguet au début du 19e siècle. Laurent Mourguet a d’abord inventé Gnafron puis Guignol et enfin Madelon.

Gnafron a le nez rouge des ivrognes, des sourcils épais et de gros favoris. Son rictus largement déformé vers la droite découvre des dents carrées, assez espacées. Le plaisir de Gnafron ? Une chopine. Sa préférence ? Du Beaujolais. Son ami ?

Guignol évidemment. Sa crainte ? Le balai de Madelon. Guignol a les joues rouges et l’œil vif, son expression est sérieuse. Ce gone insouciant et narquois qui n’hésite pas à utiliser la trique pour chasser les importuns est un cœur compatissant.

Madelon est économe et bavarde. Elle porte ses cheveux en chignon à l’arrière de la tête. Son rictus largement déformé vers la droite découvre une dentition régulière mais impressionnante. Son expression est colérique.

Si l’on regarde avec attention ces trois marionnettes avec lesquelles jouait Laurent Mourguet, on remarque à quel point elles sont marquées par le temps et par le jeu aussi comme en témoignent les reprises des vêtements, les lacunes de peintures ou les repeints.

Malgré leurs grands âges, plus de deux cents ans, elles sont toujours là, avec toute leur expressivité et leurs qualités matérielles. Têtes et mains en bois de tilleul ; mains montées sur la gaine par l’intermédiaire de manchettes de cuir clouées au bois et cousues au textile, gaine clouée à la base du cou : une technique de fabrication qui leur a permis de traverser le temps.

Marionnettes modernes et contemporaines

Lomè, l’alter égo du marionnettiste Patrizio Dall’Argine, N°inv. 015.2.1

Lomè et son marionnettiste Patrizio Dall’Argine
Lomè et son marionnettiste Patrizio Dall’Argine

Lomè est une marionnette à gaine représentant le personnage d’un petit homme. Elle a été donnée au MAM en 2014 par Patrizio Dall’Argine, marionnettiste, sculpteur et scénographe né en 1971 en Italie et qui vit aujourd’hui à Parme.

Le personnage de Lomè, né en juillet 2001, dans le premier spectacle en tant que marionnettiste de Patrizio Dall’Argine, introduit chaque spectacle.

Au début, explique Patrizio Dall’Argine, « Lomè et moi étions habillés de la même façon. Il représentait une sorte d'alter ego du jeune marionnettiste que j'étais. Avec le temps, et après de nombreuses pièces, Lomè et moi sommes devenus collègues. Nous nous entraidons pour aller toujours au bout d'un spectacle : je lui donne la main droite, et je le gante, et il offre de la bonne humeur en tapant avec sa petite main sur l'ouverture de scène et en lançant sa phrase typique : Vacca paletta incrostata di ruggine! = cuillère de vache incrustée de rouille.

Cette marionnette est de petites dimensions et s'anime en alternant les moments de calme et d'accélérations impromptues. Sa façon de parler rapide et sans détours le rapproche par contre de la tradition du théâtre des marionnettes de la plaine du Pô, dans lequel la parole et le texte, écrit ou improvisé, ont toujours une grande importance. Son accent est celui de la ville de Parme, où je suis né. Le caractère de Lomè est multiforme : il est joyeux, mais également irascible, et sa fanfaronnerie est teintée d'une touche de mélancolie. Il est célibataire – même s'il se vante d'avoir été un véritable tombeur et n'a pas d'enfants… ».


Zaven Paré, O Veïculo (Le véhicule), marionnette électronique, Zaven Paré, 2002 – Gadagne, inv. 012.7.1

O Veïculo, marionnette électronique © Xavier Schwebel
O Veïculo, marionnette électronique © Xavier Schwebel

O Veïculo, autrement dit Le Véhicule, est l’une des premières marionnettes électroniques créée en 2002 par  Zaven Paré.

Né en 1961 en Algérie, Zaven Paré a étudié les beaux-arts et les arts plastiques à Paris, les lettres à Metz et la robotique à Osaka au Japon : un parcours éclectique qui lui permet de travailler avec des praticiens américains, européens et japonais et de développer un univers artistique inattendu.

En 2002, le dramaturge franco-suisse, Valère Novarina, lui commande une marionnette pour son spectacle La Scène. Ce sera O Veïculo, une machine d’un mètre soixante-dix, composée de métal, de plastique, d’un circuit électronique et qui se manipule par le son et par la voix.

O Veïculo est le clone de l´acteur français Dominique Pinon, fabriqué à partir des moulages séparés de sa tête et de ses oreilles. L´image fixe du visage de l’acteur est rétro-projetée sur les moulages et une interface permet le mouvement de la mâchoire et le contrôle de la voix à distance, grâce à un appareillage technologique permettant de détecter et d’émettre des mouvements et du son. Equipée d’une batterie, O Veïculo est une machine autonome montée sur un chariot à deux roues. L’acteur Dominique Pinon, ainsi cloné remplit alors une fonction de véhicule qui "transporte la parole" selon l’expression de Zaven Paré. Une expression qui traduit son idée de départ de pouvoir utiliser la tête du robot à la manière de la tête d’une marionnette ventriloque, mais en ayant la possibilité de pouvoir contrôler sa mâchoire à distance.

Pionnier de l’art robotique, inventeur de nombreuses interfaces mécaniques, optiques, électriques ou électroniques, Zaven Paré interroge les relations entre le théâtre et les technologies numériques à travers la création de marionnettes électroniques, d’automates, de robots, de sculptures ou d’installations... Pour lui, une réflexion sur le langage et le jeu doit présider à la fabrication de ses machines afin d’éviter qu’elles ne soient seulement des objets refermés sur eux-mêmes et leurs mécaniques.

Pour les amateurs qui souhaitent découvrir d’autres marionnettes de Zaven Paré conservées dans un musée, il faut voyager jusque dans le Connecticut aux USA, où est installé Le Ballard Institute and Museum of Puppetry !

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