Histoire de Gadagne

L'Antiquité

76 av. J. -C.

L’histoire du site de Gadagne commence dès le début du 1er siècle avant Jésus-Christ (-76 av. J.-C.), avant même la fondation de Lugdunum par les Romains. C’est la première trace attestée d’occupation précoloniale dans ce secteur de la rive droite de la Saône. La présence d’artisans, puis la construction d’un entrepôt au début du 1er siècle de notre ère témoignent de la vocation commerciale du quartier.

Au 3e siècle, d’importants travaux de rénovation entraînent une réorganisation complète du bâtiment. Cet agrandissement peut correspondre au développement du transport de marchandises qui s’effectuait sur la Saône et avec l’existence probable d’un quai de déchargement à proximité. Par la suite, l’entrepôt est en partie ou en totalité transformé en habitat. Cette dernière phase d’occupation s’achève par la création d’un hypocauste, système de chauffage par le sol.

Au début du 5e siècle, le site est abandonné. Il sert de dépotoir avant d’être enfoui brutalement sous les gravats d’un glissement de terrain.

Le 14e siècle

Vers 1350

Le site de Gadagne renaît au Moyen âge, au 14e siècle, avec la construction de la maison de la Boysette, en bordure de la rue Saint-Jean

Lors des fouilles de la grande cour, la mise au jour d’une vaste glacière creusée sur 4,30 m de profondeur place cette demeure dans la catégorie des maisons de prestige. En effet, à l’époque, l’usage des glacières est souvent lié à un contexte économique et social élevé (château et abbayes). Notons que cette découverte reste assez exceptionnelle pour la région lyonnaise.

La maison évoluera rapidement au cours du siècle, la glacière notamment est condamnée et reconvertie en puits perdu. Les dépendances gagnent peu à peu les pentes et sont transformées, au cours du 15e siècle, en habitations.

Le 15e siècle

Vers 1450

Entre 1489 et 1492, une famille de riches marchands italiens, les Pierrevive, achète la parcelle où se situe l’actuel musée.

Les Pierrevive, originaires du Piedmont, s’installent à Lyon vers 1470. Ils sont quatre frères à acquérir la propriété : Jean-Michel, premier médecin du roi Charles VIII, Amédée, apothicaire, riche marchand épicier et receveur des domaines du Roi et leurs deux frères André et Nicolas.

Ils se lancent alors dans une grande entreprise de reconstruction. La maison de la Boysette est détruite et une nouvelle maison, moins vaste, est érigée le long de la rue Gadagne.

Les Pierrevive construisent des locaux fonctionnels pour leurs activités bancaires et commerciales. Le long de la montée Saint-Barthélemy, ils édifient un hôtel luxueux nommé Belregard.

Le 16e siècle

Vers 1550

A partir du milieu du 16e siècle, l’îlot est divisé en deux parcelles distinctes qui évolueront de manière différente. En 1545, les Gadagne, de richissimes banquiers florentins, achètent la parcelle nord aux Pierrevive.

Thomas et Guillaume de Gadagne deviennent donc propriétaires de la partie nord (10-12 rue Gadagne). Ils ne pourront cependant habiter les lieux de suite, un acte notarié stipulant qu'un bail court jusqu'en 1548.

Ils revendront la propriété en 1581, n'occupant donc les lieux que quelques dizaines années. Cependant, leur faste et leur puissance laissant une forte empreinte à Lyon, c’est leur nom qui passe à la postérité.

Dès 1648, un rapport des maîtres maçons et charpentiers de la ville mentionne pour la première fois la maison appelée de Gadaigne. La “rue Pierre-vive” mentionnée sur le plan scénographique devient quelques années plus tard “rue des Gadagne”…

Le 17e siècle

Vers 1650

En 1654, André Falconet, médecin et échevin de la Ville de Lyon, achète les parcelles des actuels n° 10 et 12 rue Gadagne.

Pour élever une demeure digne de son rang social, André Falconet entreprend de grandes transformations. Il rehausse le bâtiment d’un étage et d’un grenier sur les ailes ouest et sud de la grande cour, et crée six nouvelles chambres. Leurs fenêtres, à meneaux et traverses à arêtes vives, sans moulure, témoignent de cette époque. Il crée également, le long de la montée du Garillan un nouveau corps de bâtiment, sur des murs existants. Il aménage aussi à l’ouest un petit jardin d’agrément en terrasse.

À la fin du 17e siècle, les bâtiments de l’actuel musée, tels que nous les connaissons aujourd’hui, sont achevés.

Les 18e et 19e siècles

Vers 1750 - 1850

Le bâtiment se fige au 18e siècle et est divisé en de nombreux petits appartements au cours du 19e siècle. Vers 1898, la commission archéologique du Vieux-Lyon désigne l’ensemble de ces bâtiments comme édifice remarquable.

Au cours du 19e siècle, les locations se multiplient. Il y a longtemps que le quartier s’est vidé de ses grandes familles de marchands et, depuis un siècle, il est l’une des zones les plus pauvres de la ville.

L’édifice a changé de statut. Près de soixante familles y vivent : des fenêtres sont murées, des baraquements installés… Les grandes pièces ont été découpées en petits logements avec soupentes, impliquant la création de nouveaux couloirs, de nouvelles portes et de mezzanines. Les logements sont équipés d’éviers, de systèmes de chauffage et de conduits d’écoulement des eaux usées.

Ces transformations affectent peu la structure architecturale du bâtiment. Elles seront, pour la plupart, éliminées par les premiers réaménagements du musée, au début du 20e siècle.

De cette période subsiste néanmoins de surprenantes peintures murales. réalisées par un cercle de chasseurs, elles sont aujourd'hui restaurées et visible dans le musée des marionnettes du monde.

Le 20e siècle

Vers 1950

De 1902 à 1941, la Ville de Lyon achète progressivement le site.

Le 5 octobre 1920, les bâtiments des n°10, 12 et 14 rue de Gadagne sont classés Monument historique.

Le 2 juillet 1921, le musée historique de la ville de Lyon ouvre ses 3 premières salles. Il présente les collections précédemment installées à l’Hôtel de Ville.

En 1946, Georges-Henri Rivière, conservateur du musée des Arts et Traditions populaires de Paris, expose un projet de création de musées thématiques en province. Guignol, personnage emblématique à la renommé mondiale, impose la localisation du musée de la marionnette à Lyon, au sein du musée historique. Le musée ouvre ses portes en 1950.

En 1998, un vaste chantier de restauration et de restructuration de l’ensemble Gadagne est lancé.

Le 21e siècle

Vers 2000

Après les fouilles, les travaux débutent en 2001 et en juillet 2003, le musée ferme au public.

Les nouvelles salles d’exposition temporaires sont inaugurées en 2007 avec l’exposition Lyon 1800-1914 : Changer la ville, conquérir le monde…

Après dix ans de travaux, l’ensemble Gadagne se dévoile enfin au public en juin 2009.

Magnifiquement restauré, agrandi et mis aux normes, il propose désormais aux visiteurs une lisibilité des deux grandes collections qu'il abrite : le musée d'histoire de Lyon et le musée des arts de la marionnette.

Un jardin en terrasse, un petit théâtre, un café-restaurant et une boutique agrémentent la découverte des lieux.

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