Intérieur d’un atelier de Canut

Balthazar Alexis (1786-1872)
Balthazar Alexis, Intérieur d'un atelier de canut, XIXe siècle, Huile sur carton - © Xavier Schwebel

Ce tableau du 19e siècle est une commande privée réalisée par Balthazar Alexis, un artiste local et graveur taille-doucier exerçant au sein de l’imprimerie Giraud. Cette œuvre, riche en détails narratifs et documentaires, représente un atelier de canut, situé d’après une inscription au dos du tableau, non pas à la Croix-Rousse, mais montée des Épies, dans le quartier Saint-Georges où se trouvent de nombreux ateliers au 19e siècle. Le quartier de la Presqu’île, autour de l’Hôtel-Dieu, abrite aussi un grand nombre d’ateliers.

Le métier à tisser domine l’espace. Il illustre la place centrale du travail dans la vie des canuts. Du 16e au 19e siècle, le tissage de la soie est essentiellement réalisé dans de petits ateliers familiaux, qui sont également des lieux d’habitations. La famille patronale cohabite avec les ouvrières, compagnons ou apprentis.

Les femmes représentent 60% de la main d’œuvre de la Grande Fabrique. Comme illustré sur ce tableau, elles sont le plus souvent affectées à la préparation des fils de soie et des bobines, qui seront utilisés pour confectionner l’étoffe. Les règlements de la Fabrique les écartent du tissage. La femme, assise face au métier, illustre toutefois les dérogations accordées aux épouses et filles de maitre-tisseurs.

Bien que la soierie lyonnaise soit renommée pour ces étoffes façonnées, le type d’ouvrage uni qu’elle réalise représente 80% de la production locale et ne nécessite pas de recourir à la célèbre mécanique dite Jacquard. Le maitre-tisseur est ici occupé à contrôler les fils de chaine. C’est un chef d’atelier, propriétaire de son métier à tisser qui assume de nombreux coûts de production (achat, entretien, montage du métier) et la gestion du temps, en s’appuyant sur le travail familial et l’embauche de salariés. Il est placé sous l’égide du négociant, qui lui fournit la soie à tisser et fixe le tarif. Leur relation asymétrique est souvent conflictuelle.

Les denrées alimentaires et les éléments de décoration suggèrent une vie simple mais prospère. Cette œuvre évoque une période antérieure à la ruralisation de la soierie lyonnaise. Au 19e siècle, la production s’intensifie pour répondre aux besoins d’exportation vers les pays anglo-saxons et aux goûts de la bourgeoisie, avide de soieries unies aux couleurs profondes. Les négociants se tournent vers les campagnes lyonnaises où la main d’œuvre est bon marché et moins encline aux révoltes. Les luxueux façonnés continuent d’être tissés en ville, sur des métiers qui se mécanisent progressivement. Cette évolution technique entraîne une migration des canuts vers la Croix-Rousse, dans des appartements-ateliers dotés d’une vaste hauteur sous plafond.

Pour en savoir plus : une analyse complète de cette peinture sur le site L'Histoire par l'image

Fiche technique

Huile sur carton Hauteur : 34,2 cm
Largeur : 43,5 cm
Hauteur avec cadre : 39,5 cm
Largeur avec cadre: 48,5 cm
Gadagne, musée d’histoire de Lyon, inv. 97.3 - achat avec l’aide du Fonds régional d’acquisition de la région, co-financé par l’État et la Région

Intérieur d‘un atelier de canut (détail). Huile sur carton. Balthazar Alexis. 19e siècle. Musée d’histoire de Lyon – Gadagne. Photo © Xavier Schwebel

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