Sac de Lyon par les Calvinistes en 1562

Le sac de Lyon par les calvinistes en 1562 - © Xavier Schwebel

Le Sac de Lyon par les Calvinistes en 1562, huile sur bois, milieu du 16e siècle, N° Inv. N 3819

Cette étonnante peinture allégorique met en scène un épisode d’iconoclasme lors de la prise de pouvoir des Protestants à Lyon en 1562. Elle suscite encore aujourd’hui de nombreuses questions de la part des chercheurs.

Cette peinture, aussi appelée "Sac du Baron des Adrets", est une peinture à l’huile sur bois. Elle date du milieu du 16e siècle.

Il est difficile de reconnaître dans cette toile des lieux ou monuments lyonnais. La colline en arrière-plan ressemble peu à Fourvière et il n’existe aucun bâtiment à coupole à Lyon à cette époque.

Seules les inscriptions en haut et en bas du tableau permettent de placer cette scène à Lyon : "La destruction de Lyon dépeinte ici démontre que les dogmes impies de Calvin se fondent sur le vol et le sang. Telle était l’apparence des églises de la ville de Lyon lorsque Calvin en détruisit les droits sacrés". Il s’agit avant tout d’une peinture allégorique.

Pourtant, la virulence des persécutions décrite dans les inscriptions contraste avec les scènes dépeintes dans le tableau.

L’artiste représente en effet plusieurs scènes d’iconoclasme sans violence : au premier plan, des soldats tirent une charrette avec des statues et bannières dans une parodie de procession, l’un deux porte même une chasuble, par ironie pour montrer que c’est un vêtement ordinaire et non sacré.

À gauche, des soldats lisent un livre, certainement la Bible, tandis que derrière sont vendus des vêtements liturgiques considérés trop luxueux.

Au centre de la scène, des soldats prêtent serment à une bannière où est inscrit "Pour servir Dieu et le Roy". Un crucifix et des livres se consument dans un bûcher, tandis que des moines s’enfuient.

À droite, au premier plan s’organise l’inventaire et la pesée des objets liturgiques précieux certainement en vue de leur fonte, tandis qu’au second plan, un homme semble en train de déclamer une proclamation,

Au troisième plan, un prédicateur de rue est juché sur un tabouret.

Qui a peint ce tableau ?

Ce tableau fut longtemps attribué à l’atelier du peintre Antoine Caron (1521-1599). Ce dernier peint en 1566 une toile qui présente des points communs, notamment une perspective architecturale organisée autour de bâtiments et d’une église rotonde similaires. Il s’agit des "Massacres du Triumvirat" (musée du Louvre). Cette attribution est cependant remise en question.

L’absence de violence et de destructions de bâtiments dans cette scène, le rappel de l’allégeance au Roi sur la bannière au centre du tableau sont autant de signes qui permettent de penser que le peintre est sensible aux idées de la Réforme. 

Les inscriptions beaucoup plus virulentes pourraient donc avoir été rajoutées a posteriori.

À Lyon, la Réforme calviniste a trouvé un écho particulièrement favorable. La première église réformée de Lyon est fondée en 1546 et, en 1560, un tiers de la population est converti au Protestantisme. 

Lors de la première Guerre de Religion, des Réformés, sous le commandement de François de Beaumon, Baron des Adrets, prennent l’Hôtel de ville et les centres vitaux de la cité dans la nuit du 29 au 30 avril 1562. Puis, ils occupent la place du Change et la rue Saint-Jean. Pour lutter contre le culte des images religieuses, toutes les images représentant le divin sont détruites : c’est l’iconoclasme. 

Lyon est protestante jusqu’en juin 1563, lorsqu’un nouveau gouverneur modéré est nommé après la paix d’Amboise de mars 1563. Les deux religions coexistent jusqu’en 1567, puis les affrontements reprennent et culminent avec les sanglantes Vêpres lyonnaises du 31 août 1572.

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